La troisième tasse // Entretien avec Manuella Chainot-Bataille

Pour ce second rendez-vous de « La troisième tasse », j’ai eu le plaisir de discuter autour d’un petit café avec Manuella Chainot-Bataille qui s’apprête à sortir son premier livre aux éditions Dunot, Le sketchnoting à l’école primaire.

Manuella fait partie de ces personnes que j’appelle mes « belles rencontres », elle m’a invitée à deux reprises à AgilLeMans, nous avons participé à l’International Sketchnote Camp, gribouillé l’une à côté de l’autre et bu beaucoup de cafés ensemble (et mangé des crêpes) ^^

Je vous laisse découvrir son univers et ses inspirations créatives.

Bonne lecture !

Ton rituel créatif avant de te mettre à l’écriture ?

Je n’ai pas vraiment eu de rituel ni de routine pendant l’écriture de ce livre. Du point de vue de mon emploi du temps, je profitais plutôt des fenêtres de temps disponible qui s’offraient à moi, d’autant plus que notre temps s’est vu bouleversé avec la crise sanitaire. Je réalise, aujourd’hui, avec le recul, que l’écriture de cet ouvrage fut un moyen de mettre à profit cette période propice au repli sur soi.
Par contre, j’ai développé une organisation bien à moi. J’avais un carnet dans lequel j’ai réalisé une carte mentale avec toutes les actions possibles du sketchnoting à l’école. Ça a été ma routine, de jeter mes idées sur le papier sur une double page absolument pas rédigée, absolument incomplète, qui ressemblait à une espèce de “brouillon sketchnote”. J’en ai réalisé une pour chaque partie, chaque dossier,… avant de passer à la rédaction au propre  à l’ordinateur. Offert par une  amie et commencé il y a plusieurs années sans projet d’écriture précis, ce carnet a été le premier maillon de toute la chaîne.

Intuitivement, j’ai adopté une organisation en 3 temps : je faisais le brouillon du dossier suivant, la rédaction du dossier en cours et les illustrations du dossier précédent. Selon mon énergie et le temps dont je disposais, je gribouillais, j’écrivais ou j’illustrais sur la tablette à partir de mes brouillons papier. Vers la fin du projet, à un moment où je ne voyais plus trop le jour, je me suis fait un tableau de suivi des illustrations déjà faites, de celles qui restaient à faire et de celles qui devaient être mises en couleur. Ce document tout simple m’a permis de visualiser l’ensemble de ce qui avait été fait et de structurer ce qui restait à faire.
Je n’ai pas eu de lieu d’écriture défini, j’étais aussi bien à mon bureau que dans le jardin au soleil… Le défi sur l’année a plutôt été de saisir les fenêtres de temps disponibles le week-end, la semaine étant totalement prise par mes activités d’enseignement.
Et j’ai aussi repris la course à pied en janvier. Je suis convaincue que ça m’a aidé à tenir le rythme, à me focaliser et à ne pas m’auto-flageller devant mon bureau quand je n’avais pas l’énergie pour m’y mettre. Il y a eu une succession de moments intenses d’écriture et de moments plus vides où je sentais qu’il fallait que je remplisse ma « mare » (je vous invite à découvrir cette belle métaphore de Julia Cameron).

Que t’a dit ton « dragon intérieur » face à ce projet de livre ?

Ma première peur c’était déjà de ne pas terminer. “Tu commences beaucoup de choses et tu ne termines jamais rien”, voilà ce que me disait mon dragon intérieur. Un contrat signé change pas mal de choses de ce côté-là…

Et surtout, j’ai développé des stratégies pour ne pas me laisser envahir par mon dragon intérieur. Dans les moments de moindre énergie, j’en ai profité pour solliciter des contributeurs, demander des avis, échanger avec la communauté des sketchnoteurs, demander aux préfaciers s’ils étaient ok pour écrire la préface…   Chaque fois, c’est très motivant et gratifiant. Les retours de collègues enseignants et de sketchnoteurs qui semblent attendre le livre m’ont aussi bien aidée à maintenir mon élan. Finalement, ça laisse peu de place au dragon. La preuve, c’est fini !^^

Pour l’anecdote, mercredi dernier, je donnais une formation auprès d’enseignants sur les élèves HP et les élèves ayant des Troubles Spécifiques du Langage (Dys). J’avais décidé de le faire en parler-dessiner. A la fin de la session, une copine instit’ me dit : “c’était super, merci pour les dessins mais alors maintenant on veut faire comme toi.” J’ai donc proposé d’organiser un atelier d’initiation au sketchnote. Une autre collègue a alors signalé que je sortais un livre bientôt sur le sujet. Moi qui pensait être “anonyme” dans mon entourage professionnel local, j’ai découvert que l’information circulait “sous le manteau” ;-).

Tous ces petits moments disent à mon dragon intérieur “psshhhiiit va-t-en !”. 

Le conseil que tu te serais donné à 20 ans ?

Oh là là… (temps de pause)

Je lui dirais : “tu as plus de qualités que tu ne l’imagines”. À 20 ans, écrire un livre c’était juste inimaginable (bon, à 42, aussi en fait…). Je lui dirais aussi : “aie confiance, vas-y pas à pas, tu seras surprise”. A 20 ans, c’était plutôt des questions comme vais-je finir mes études et réussir à décrocher un boulot ? Là, ce n’est que du bonus par rapport à ce que j’espérais à cet âge-là.

J’aurais aussi pu dire à la petite élève de 6e que j’ai été et qui a été collée pour un 5 en rédaction (et qui collectionnait les 0 en dictée jusqu’à la 4e…) qu’on peut toujours progresser et que même en étant nulle en dictée et en rédaction au collège, on peut écrire un livre !

Quelles sont les femmes qui t’inspirent ?

Quelqu’un qui compte beaucoup pour moi c’est ma grand-mère maternelle. Elle n’est plus là mais elle m’a inculqué la richesse de la simplicité, valeur bien précieuse notamment pendant le 1er confinement.
Mes amies aussi. Les sketchnoteuses comme Magalie Le Gall (@magalielegall), Cécile Mourier (@MourierCecile) et Cécile Moline (@elicecfacilit) ainsi que Les Culottées de Pénélope Bagieu et Catherine Testa (@cath_testa) qui a lancé l’Optimisme.

Mes propres filles par leur détermination, leurs rêves et leur élan sans retenue m’inspirent chaque jour.

Les femmes de cette fresque, sur un de mes itinéraires de course à pied, sont source d’inspiration. J’y retrouve motivation quand j’y passe, c’est chaque fois l’occasion de mesurer le confort de ma vie.

Crédits image : Manuella Chainot-Bataille

Qu’as-tu sur le feu ?

Le livre sur le sketchnoting à l’école. Maintenant qu’il est terminé, je rentre dans la phase de lancement et de parution du livre. Dans les prochaines semaines, j’ai un podcast de prévu avec Christophe Salomé (@mikedave06).

J’ai aussi invité quelques contacts Twitter parmi mes collègues de l’Éducation Nationale pour un atelier d’initiation au sketchnoting afin de tester un futur atelier en ligne. J’applique l’avancée par itération : pas à pas, j’expérimente en coulisses, en sécurité, les possibles.

Dans la formation des enseignants que je mène avec mes collègues, la prochaine session sera l’interview d’un facilitateur graphique dyslexique. Les deux milieux se mélangent et j’aime cela. Permettre aux enseignants de primaire de rencontrer un adulte dyslexique bien dans ses baskets : Nicolas Verdot (@NicolasVerdot).

Thé ou café ?

Café. Si possible en terrasse en allant bosser, quand je suis en avance. J’ai l’impression de faire l’école buissonnière !

Et j’adore l’odeur de la cafetière italienne. Tout comme le plaisir d’aller à la brûlerie acheter le café, je ralentis même devant la boutique pour profiter encore plus de l’odeur.

Par contre, c’est tisane le matin au petit-déjeuner sinon je sauterai partout ! #rires

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